Association KAMAL KE DIL
Kamal ke dil "pour le coeur du lotus" : parce que le pauvre peut fleurir dans la vase du monde.

SUNIL, enfant du BIHAR

      Je voudrais vous parler de la vie d'un jeune indien appelé SUNIL.
Originaire du Bihar (nord de l'Inde), l'état le plus pauvre du pays, il est venu "travailler" à Calcutta dans un tea-shop de rue en 2004. Attachant, travailleur, adolescent de 12 ans, je l'ai rencontré durant 2 mois, d'octobre à novembre, lors de mon 2e séjour en Inde. L'année d'après j'allais près de son village dans le Bihar où il était revenu. Je l'ai trouvé allité depuis 2 mois, il s'était versé de l'essence et y avait mis le feu en réaction à une dispute avec son père. Brûlé au torse et au cou, il était seulement soigné par sa famille sous une petite hutte de paille aménagée dans la cour devant la petite maison. Sa santé allait mieux paraît-il. L'accés au village est difficile et il n'est pas possible d'y aller seul sans être accompagné par d'autres indiens. Je n'avais donc plus de nouvelles, mais il paraît qu'il travaillait de nouveau dans une petite échoppe de thé.

En 2008, des nouvelles de Sunil : Sunil serait décédé des suites de ses blessures ! Sa famille étant très pauvre, son père alcoolique et ne travaillant pas, il n'ont pas eu assez d'argent pour poursuivre ses soins. Il n'aurait pas récupéré tout le côté gauche et ne pouvait plus se servir de son bras. Une infection ou une dégénérescence de ses plaies l'auraient emportées il y a 18 mois, environ au mois de septembre 2008. Une personne devenant handicapée en Inde, dans une famille pauvre, devient une charge et ne rapporte plus rien (au contraire elle réclame de l'argent pour sa santé sans apporter de revenus). Ces personnes sont souvent rejetées à la rue pour qu'elles se débrouillent seules ou laissées à un minimum de soins (voir aussi l'histoire de Vicky plus bas !).

Je vous confie cette petite vie de 16 ans qui est partie au ciel nous l'espérons, parmi les milliers d'autres qui disparaissent dans la misère indienne et du monde. Sunil est choisit comme figure de l'association, puisque c'est à partir de son amitié que tout à commencé. Je ne pensais pas qu'il serait une pierre de fondation en étant sacrifié sur l'autel de l'indifférence humaine. Puisse-t-il être porteur d'espérance et de courage pour nous tous. Prions pour lui.


Ci-joint quelques photos de lui prises en 2004.


Vijay, Sunil et Patrick


Sunil avec Raj Kumar son copain, décédé lui aussi.


Sunil devant la tea-shop


Sunil dort dehors, sur le comptoir du tea-shop


Sunil et Vijay

 

 

 

Et tous les autres ...

tous ceux qui sont décédés et que nous avons connus, soignés et aimés.

Toussaint 2013. 10 ans de service, de joies et de peines.

(en partant de la gauche et suivant) :
  • Vijay : marié sans enfant, 30 ans. Alcoolique, ivre, il s'est noyé près de la rive du Gange.
  • Sunil : 14 ans environ. En conflit avec son père, il s'est immolé par le feu. Soigné pendant plusieurs mois sous une hutte dans son village du Bihar, il a succombé à une infection.
  • Raj Kumar : 17 ans environ. Mort d'une maladie au ventre. (?)
  • vieillard du quartier. Mort de vieillesse. Nous l'avons soigné la veille d'un mauvais furoncle.
  • Omprakash. 18 ans. Mort de tuberculose à Kalighat à Calcutta dans le centre de Mère Teresa.
  • Munni, mariée et mère 4 enfants, une fille mariée, 3 petits de 3, 5 et 6 ans. Atteinte d'un cancer de la peau. L'association l'avait faite opérée en décembre 2012, elle a succombée à une rechute en juillet 2013.
  • Mère de Gopal, Ramesh. Morte de viellesse. Mère d'une fratrie de Ramnagar, elle habitait chez les uns et les autres, balotée et logée dans le couloir des maisons. Nous l'avons souvent soignée.
  • Vicky, 18 ans. Handicapé mental et moteur. Délaissé près de la porte d'entrée, il est mort de faim et de soif par la négligence des parents !!
  • Arrière grand-mère de Dannanjay. Morte de vieillesse, bien entourée et respectée, ...130 ans selon ses enfants ...!
  • Arun, marié et père de 2 enfants. Mort d'overdose à la cocaïne
  • Mendiante. Morte de maladie (au ventre ?) en plein hiver. Mendiante d'Assi ghat, vivant dans une cabane, grand-mère maternelle, donc mise à la rue par ses enfants à la mort de son mari. Pas de soins, donc pas de guérison, pourtant bien connue des rickshawalas, mais une certaine indifférence.
  • hors photos :
  • Mère d'une famille de classe moyenne. Morte d'un cancer de la joue. Soignée par son mari à la maison grâce à la générosité de Julie, volontaire de l'association qui avait trouvé des médicaments gratuits.
  • Manoj, marié et père d'un petit bébé, mort d'un accident. Un gros camion dont le chauffeur était ivre à renversé un tuck tuck. Beaucoup de blessés mais un seul mort : Manoj.
  • Mon babu ami. Délaissé par sa famille parce que trop vieux et inutile, alors que la famille vit dans une maison correcte, ils l'avaient mis dans un petit réduit sombreet humide avec les planches et les vélos. Je le voyais souvent et il aimait que je lui donne une médaille de Jésus. Il pleurait souvent de ne pas me voir plus souvent. Nous prenions le chay ensemble et je le soignais de ses chutes régulières. Il s'est éteint finalement, quittant un monde qui ne le désirais plus.
  • Raj Kumar, dit Bachchi. Ijra de métier, c'est à dire une sorte de transexuel. Enfant de Ramnagar, vivant dans sa famille, connu de tous par ses activités et son originalité, soigné souvent par l'association comme les autres. 20 ans, allant danser dans les mariages et naissances, une infection au ventre (cirose du foie) l'a emporté dans sa jeunesse.
  • Mère de famille. 4 enfants, dont un de 5 ans. Morte un matin sans explications.

 

 

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